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Pays de la loire 2040: la tête dans les nuages...


By ODeschanel - Posted on 10 novembre 2013

La session du Conseil régional qui s' est tenue le 8 novembre 2013 était consacrée à la stratégie Pays de la loire 2040. Un exercice décalé par rapport aux problèmes présents et à venir, mais aussi un exercice onéreux puisqu'il a coûté 1million d' euros sur deux ans.Une telle somme aurait été certainement plus utile pour financer des actions dont la Région a besoin.

Voici la déclaration d'Elisabeth Doineau au nom des élus UDI :

« Gouverner, c’est prévoir » disait Emile de Girardin

Ecrire une stratégie des Pays de la Loire pour 2040, voilà l’exercice auquel s’est essayé la Région ligérienne depuis 2 ans.

Le Nord Pas-de-Calais réfléchit à 2020,

Nantes à 2030,

Laval à 2021,

La Bourgogne à 2030,

Même notre gouvernement s’y est mis cet été en se projetant en 2025 !

Mais ici, nous sommes plus forts, moins mesquins, plus visionnaires, nous allons encore plus loin ! Nous dépassons le temps d’une génération !

Projeter notre belle région, riche de sa diversité, de ses particularités, en 2040, c’est, à n’en pas douter, faire preuve d’audace et d’une réelle imagination ! Parce que là, on n’est plus dans la prospective, on est, comme diraient les jeunes, dans « l’avenir du futur »! On joue le jeu des prédictions, à grand renfort de données, de chiffres et d’utopie…

Gouverner, ce n’est pas prédire,

Gouverner, c’est prendre ses responsabilités et anticiper dans un temps que chacun peut s’approprier.

2040, ce n’est pas demain, sinon aujourd’hui et tous les lendemains d’ici là, c’était hier et est-ce notre seul remède que de faire oublier à nos concitoyens notre présent pour rêver l’avenir ?

27 années !... Pour tout dire, ça me laisse rêveuse ! Je me suis livrée à un petit exercice de « remontée du temps » et je ne résiste pas à vous en livrer un aperçu :

27 années, c’est, à 2 ans près, le temps qui s’est écoulé entre  le 1er vol artisanal de 5 kilomètres des frères Wright  et le 1er vol du Boeing 247, avion de ligne.   Ainsi, dans un laps de temps de 29 années, entre 1904 et 1933, il devenait possible de  traverser les Etats-Unis en une vingtaine d'heures !

27 années, c’est le temps qui s’est écoulé entre la signature de l’armistice du 11 novembre 1918, marquant la fin des combats de la 1ere guerre mondiale et le 8 mai 1945. Dans ce laps de temps, le monde a basculé dans le chaos et  l’horreur…

27 années, c’est le temps qui s’est écoulé entre l’exploitation du Minitel et son abandon, au profit de l’accès à internet…

Ce dont nous sommes certains c’est que nous ne serons plus dans cet hémicycle mais Dieu merci ! vous avez pensé à tout : nous participerons à la « sylver économie » et nous serons peut-être hébergés dans des « granny pods » !

Malgré le soin qui y a été apporté et l’implication des tous les acteurs ayant œuvré à la qualité du travail accompli, votre rapport peut malheureusement rejoindre les rayons de la littérature d’anticipation, voire de science-fiction !

Car, que savons-nous sur ce que sera 2040 ? En vérité, rien, sinon l’arrivée de 900 000 habitants supplémentaires à cet horizon dans notre région. Il s’agit là d’une statistique, est-ce que ce sera la réalité ? Qui peut le dire ?

Partant de là, vous avez lancé vos grandes manœuvres :

Comités d’experts, assises, panels citoyens, ateliers, concours d’écriture, résidence d’artistes, forum, et j’en passe, bref une vraie opération de communication, comme vous savez si bien les faire! En même temps, ce n’est pas difficile quand on sait que vous aviez voté plus de 700 000 € pour cette opération !( Le coût est en fait de 1M£)

Vous nous dites que cette réflexion a mobilisé 7000 personnes (à une autre page du rapport, c’est 9000, en comptant les 5000 participants aux Etats régionaux de l’énergie ???), c’est plutôt maigre ! D’autant que vous n’avez pas hésité à solliciter des populations captives en maisons de retraite et lycées. Cela ne fait même pas 0,2 % de la population ligérienne ! On ne peut pas dire que le sujet déplace les foules !

Est-ce le manque d’intérêt de nos concitoyens pour leur avenir ? Je ne le crois pas.

En revanche, le présent est si difficile pour un bon nombre d’entre eux qu’ils ne croient surtout pas à la capacité des collectivités à maîtriser leur avenir.

Dans un siècle où tout s’accélère, où les incertitudes économiques hypothèquent gravement l’avenir, est-il réellement raisonnable de s’autoriser des élucubrations onéreuses ?

Dans le passé, le peuple réclamait du pain au roi, aujourd’hui, nos concitoyens réclament de l’emploi aux élus et, dans l’immédiat, n’est-ce pas ce que nous devrions nous employer à faire ?

Saint-Exupéry le disait dans Citadelle : «Préparer l’avenir, ce n’est que fonder le présent. Il n’est jamais que du présent à mettre en ordre. A quoi bon discuter cet héritage ? L’avenir, tu n’as pas à le prévoir mais à le permettre »

Certes, les constats sont intéressants et nous les partageons.

Certes, les défis que vous énoncez sont réels et nous les partageons.

Certes, l’ambition que vous formulez pour notre Région est louable et nous la partageons !

Mais tout cela, nous le savons, n’avait nullement besoin de cette effervescence coûteuse ! Nous aurions pu simplement actualiser l’excellent ouvrage rédigé par le CESER en 2009 «Quelles ressources pour quel progrès ? une vision innovante sur l’avenir des Pays de la Loire ».

Les constats et les défis, nous les répertorions à chaque nouveau schéma sectoriel. Nous ne manquons ni de plans, ni de pactes, ni de projets, tout au long d’une mandature, pour nous faire une idée précise des enjeux, faiblesses et leviers, qui caractérisent notre territoire.

Mais, à l’évidence, cela ne vous suffisait pas. Il fallait vous servir de cette projection pour imprimer une nouvelle fois votre culture idéologique.

Et là, je dois dire que vous avez fait très fort !

Monsieur Jourdain peut mettre sa prose au placard ! La vôtre dépasse tous les entendements, voici quelques florilèges :

« la prospective doit devenir une dimension permanente de notre démocratie »

« s’ouvrir au vent de la jeunesse et au souffle des créateurs, c’est rester en mouvement, rester en vie »

« notre société a besoin d’explorateurs qui peuvent devenir autant de lanceurs d’alerte et de semeurs d’espoir »

« nous devons promouvoir l’idée d’inter-territorialité, de réseau, d’archipel »

« pour entrer de plain-pied dans une démocratie contributive et collaborative »

« entre les mythes polaires de l’autarcie et d’une mondialisation heureuse, l’ouest français doit trouver sa propre voie »

« l’hybridation et le croisement des regards permettent de prendre un coup d’avance »

Tout ce « verbiage » n’est que « méga-tropisme », excusez-moi pour ce mot que j’invente à cette occasion, mais qui m’est venu naturellement en lisant votre texte.

Il ne s’agit pas de s’interdire d’avoir des projets pour notre Région, de manquer d’ambition pour notre territoire ou même de céder au pessimisme ambiant, mais un certain réalisme nous impose de prendre avec prudence et distance l’exercice auquel vous vous êtes laborieusement livré…

Avec cette démarche, vous vous êtes manifestement fait plaisir en rédigeant un recueil de bonnes intentions dans lequel nous ne comptons plus les termes tels que : il nous faut ; nous devons ; relever le défi ; agir dès maintenant ; ce pari ; etc. C’était aussi l’occasion pour vous de flatter vos alliés d’aujoud’hui à travers le rappel de certains grands principes: 100% non OGM ; la non exploitation du gaz de schiste ;  produire pour produire ; vitalité du dialogue social…

Vous auriez été sans doute mieux inspiré de vous rappeler ce qu’écrivait Chateaubriand : « Presque toujours, en politique, le résultat est contraire à la prévision »

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