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Culture, sport, citoyenneté à la Région: ce qu' il faut en dire...


By ODeschanel - Posted on 03 février 2013

Voici l' intervention que j' avais prévu de faire sur ces sujets lors de la session consacrée au budget 2013: 

Monsieur le Président, 

De nombreux acteurs ont cru que l’alternance du printemps dernier réenchanterait le rêve culturel français. Il est vrai que le 19 janvier 2012, le candidat François Hollande, à Nantes, lors de la Biennale Internationale du Spectacle, l’avait promis, je cite «j’affirme que le budget de la culture sera entièrement sanctuarisé durant le prochain quinquennat ». Le réveil est donc douloureux puisque le budget 2013 du Ministère de la Culture a subi des coupes importantes (-3,3%). Dans un tel contexte, les Régions étaient attendues et celle des Pays de la Loire en particulier. Elles le sont d’autant plus qu’un récent sondage de « la lettre de l’Opinion » a montré qu’aux yeux des Français, la Région est l’acteur public le plus pertinent pour intervenir en matière culturelle.

Après  avoir été amputés de 3 millions d’euros l’an dernier, les crédits de paiement de notre commission perdent encore près d’1 million d’euros en 2013, la culture reste stable par rapport à 2012 avec 2.2% du budget régional. L’observation sur le spectacle vivant a montré que la Région des Pays de la Loire arrive en dernière position  parmi les contributeurs publics au fonctionnement des structures culturelles. Enfin, monsieur le Président, le Conseil Régional a la particularité de consacrer beaucoup de moyens financiers, et c’est heureux, à des structures comme l’ONPL et Fontevraud sans qu’au total notre budget ne se distingue de celui des autres régions. Cela réduit d’autant les marges de manœuvre pour les autres actions, et c’est la raison pour laquelle nous avons proposé de réduire de 200 000 euros les crédits de paiement du patrimoine que vous prévoyez d’augmenter fortement. Parallèlement et indépendamment des choix d’actions qui auraient été différents sur certains points, nous avons proposé au minimum de maintenir les crédits de l’action culturelle et d’inscrire 70 000 euros au titre de l’économie culturelle. La modestie budgétaire pour l’action culturelle est donc de mise. Ce n’est pas un reproche mais un constat qu’il faut reconnaître.

Sur les différents dispositifs, je n’insisterai pas car je veux me concentrer sur ce qui est pour moi un sujet à fort enjeu, le soutien économique aux filières culturelles. Je veux auparavant saluer une certaine ouverture de monsieur Gralepois dans le travail au quotidien, la qualité du travail de la CRCC, l’implication et la compétence des services culturels de la Région, la pertinence d’un certains nombres d’actions. Je rappellerai aussi notre préoccupation par rapport à la nécessaire articulation entre la politique régionale et les projets culturels de territoires, qui se développent progressivement entre départements et intercommunalités. Je mentionnerai notre vigilance par rapport à l’attribution des subventions et aux effets d’aubaine qui se font jour sur Voisinages. J’exprimerai mes inquiétudes par rapport à l’avenir des cafés-culture du fait de l’Etat, ce qui motive le vœu que nous vous proposons aujourd’hui. Mais monsieur le Président, je veux surtout insister sur notre demande sans cesse réitérée de mettre en place une politique culturelle globale et transversale qui s’intéresse à toutes les dimensions notamment économique simultanément. A notre initiative, notre assemblée a adopté en janvier 2011 le principe d’un Schéma Régional de la Culture. Si je comprends qu’il faille donner du temps à la concertation, on ne peut pas se satisfaire d’un texte annoncé pour juin 2014, c'est-à-dire à la fin du mandat quand nous ne pourrons plus agir. Qu’auriez-vous dit  s’il avait fallu de tels délais pour adopter le Schéma des Jeunesses ou le Schéma de l’Economie et de l’Emploi Durables ? Alors, afin d’avancer nous avons proposé, avec notre collègue Laurent Gérault, par voie d’amendement de lancer une étude visant à définir une stratégie de soutien à l’économie culturelle. Nous avons vu des exemples intéressants de clusters culturels, de groupements d’employeurs, de formes de coopérations innovantes entre acteurs au sein de la CRCC et je regrette vraiment que vous ne nous ayez pas écouté lorsque nous demandions que des élus de la Commission économique ainsi que les services économiques de la Région participent régulièrement et non ponctuellement à ces travaux. Monsieur le Président, la fragilité des filières culturelles est de plus en plus palpable et on ne peut pas attendre encore et encore. Aussi, monsieur le Président, si nous voterons pour les rapports de cette commission sur la culture et le patrimoine, nous regrettons vraiment que la politique régionale en faveur de la culture reste incomplète et si lente dans ses évolutions. Depuis hier, nous avons quand même repris espoir puisque vous avez demandé, lors de l’examen de notre amendement, à messieurs Gralepois et Clergeau d’intensifier leur travail commun.

Nous avons parlé de modestie pour la culture mais alors que dire du sport. C’est une bérézina budgétaire que vous nous proposez : moins de 0,5% du budget régional consacré au sport, des crédits de paiement en baisse de 16,5% par rapport à l’année dernière avec à peine 6,8 millions d’euros. Vous ne voulez décidément pas tenir compte du fait que la Région des Pays de la Loire est la 2ème région de France en termes de licenciés par rapport au nombre d’habitants. Vous ne voulez décidément pas comprendre que le sport n’est pas seulement ici un secteur d’activités mais un phénomène social, l’un des éléments majeurs du « vivre ensemble » dans notre territoire. Comment imaginer l’avenir de notre région sans donner au sport la place qui lui revient ? Je n’irai pas jusqu’à affirmer comme certains éminents responsables que « la politique sportive de la Région, ce n’est que de la Com », mais on n’en est vraiment pas loin : « le dire a pris le pas sur le faire ».

Je reconnais bien volontiers l’implication personnelle de Joël Soulard, la grande compétence du service des sports, l’intérêt de la commission régionale consultative sport, la qualité des partenariats avec les ligues et fédérations régionales, comme avec le Comité Régional Olympique et Sportif, mais cela ne compense pas le problème des moyens. Vos choix qui auraient pu être différents dans le cadre budgétaire imparti ont des conséquences d’autant plus préoccupantes que les crédits du Ministère des Sports sont en baisse de 9% et que le CNDS se trouve en difficulté financière.

Enfin, au niveau des politiques publiques, nous apprécions le fait que le dossier du CREPS semble bouger, même si nous avions souhaité qu’à l’instar de la Région Centre, des crédits soient inscrits pour ce projet d’autant que les CREPS pourraient revenir dans le giron des Régions avec la nouvelle loi de décentralisation. Nous avons aussi à cette heure beaucoup d’interrogations sans réponse. Est-ce que l’équilibre actuel (50-50) entre sport de haut niveau et sport pour tous est pertinent ? Ne faut-il pas développer  des approches interrégionales pour mutualiser des moyens ? Au seuil d’une nouvelle olympiade  faut-il se spécialiser ou non dans certaines disciplines compte-tenu du coût de plus en plus élevé du haut niveau ? Que faire dans les trois disciplines olympiques majeures (gymnastique, athlétisme, natation) où les athlètes ligériens peinent à réussir au plus haut niveau ? Doit-on se satisfaire de n’avoir que 6% des athlètes sur les listes de haut niveau ? Ne faut-il pas participer à l’accompagnement sanitaire des athlètes (sorties de blessures, aide psychologique, réathlétisation, diététique…) ?

Au total, ne souhaitant pas cautionner la disette budgétaire à laquelle vous soumettez la politique sportive régionale et ne trouvant pas les réponses à de nombreuses questions que nous nous posons, les élus UDI s’abstiendront sur les rapports relatifs au sport et aux équipements d’intérêt régional. Quand on est capable de trouver 900 000 euros pour France 3 ou 2.2 millions d’euros pour un hypothétique Etablissement Foncier, on peut mobiliser des moyens pour le sport.

Dernier sujet, la citoyenneté et l’éducation populaire. Si nous apprécions le travail sur le nouveau règlement  du Fonds d’intervention Jeunesse avec la prise en compte de nos remarques, notre désaccord avec votre politique reste profond. Vous persistez à n’appréhender la question de l’engagement, notamment des jeunes, de la citoyenneté et de la vie associative, qu’à travers les mouvements d’éducation populaire. Encore une fois, si ceux-ci ont toute leur utilité et leur place dans le paysage ligérien, en leur accordant la majeure partie des crédits de paiement destinées à la «vie associative, la jeunesse et la citoyenneté, vous ignorez la réalité régionale. A cette vision uniforme de l’engagement, nous préférerions une vision ouverte qui s’appuie sur les territoires et sur une multiplicité d’acteurs. Le mode de fonctionnement du Conseil Régional des Jeunes piloté en exclusivité par le CRAJEP et ses réseaux, fondé sur la cooptation et largement déconnecté de l’ensemble de la jeunesse ligérienne est une bonne illustration. Selon vos chiffres, 0.0007% (100/147118 lycéens) ont été concernés par la démarche malgré vos souhaits de faire évoluer les choses. A l’heure de la diversité des situations, de l’explosion des formes d’engagements individuelles et collectives, cette approche un peu désuète basée sur la culture du « réseau exclusif » nous paraît inadaptée. C’est donc tout naturellement que nous voterons contre le rapport « vie associative, jeunesse et citoyenneté ».

Pardonnez-moi d’avoir été un peu long, monsieur le Président, mais il y avait beaucoup de chose à dire et j’espère que vous tiendrez compte à l’avenir des observations des élus UDI.

Je vous remercie.

 

Olivier DESCHANEL

  

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