Fontevraud: un rapport d' orientation ambitieux qui soulève trois questions

Le projet régional de développement territorial de l’Abbaye royale de Fontevraud est très ambitieux. Ce rapport présente les multiples enjeux de ce site exceptionnel. Ce projet s’appuie sur un trépied culturel pertinent autour du patrimoine, du débat et de la création artistique. De même, il offre un projet de développement territorial exigeant, en matière de tourisme et d’activité économique innovante.

Les trois axes de développement du projet culturel mis en œuvre par la Centre Culturel de l’Ouest (CCO) s’appuient sur le principe fondateur de « Cité Idéale ». Cette ambition culturelle a pour objectif principal l’élargissement des publics. Les trois volets proposés : Histoire, idées et Création participent de ce développement et de cette ouverture.

Nous approuvons ces orientations culturelles, mais nous souhaitons qu’une hiérarchisation des actions soit présentée, dans un contexte budgétaire de plus en plus contraint. Au regard de son effet levier sur le tourisme, ne convient-il pas de conforter la dimension patrimoniale du site ? Si l’idée d’un musée de site est séduisante, elle nécessite d’apprécier financièrement sa mise œuvre opérationnelle afin qu’elle ne repose pas sur notre seule collectivité.

Enfin, le renforcement de la visibilité de l’Abbaye à partir des événements de la saison estivale est pertinente, elle doit conforter la fréquentation touristique du site avec près de 200 000 visiteurs annuels.

Au-delà de ses remarques sur le projet culturel et territorial, je souhaite aborder les trois faiblesses de ce rapport d’orientation, à savoir :

• Une indispensable clarification de la gouvernance et de l’organisation,
• L’effacement de la dimension interrégionale et de la marque « Val de Loire »,
• Des perspectives financières incomplètes

A plusieurs reprises, le CESER a demandé une réelle clarification de la gouvernance du projet de  Fontevraud.. Le choix d’organisation  doit donner une meilleure visibilité aux autres acteurs institutionnels.La mise en place d’un EPCC (Etablissement Public de Coopération Culturelle) offrirait certaines garanties, et contribuerait à réellement partager toutes les dimensions du projet avec tous les acteurs concernés : Etat, Régions Centre et Poitou-Charente, Départements du Maine-et-Loire et d’Indre-et-Loire.

Deuxième critique relative à ce projet ambitieux pour Fontevraud, l’effacement de la dimension interrégionale et de la marque « Val de Loire ». Elle ne transpire pas suffisamment du projet. Les mises en réseau sont prioritairement orientées vers les autres pôles ressources touristiques et culturels ligériens, et notamment nantais. Pourtant la marque « Val de Loire » vient d’être retenue par « Atout France » comme site prioritaire. L’articulation avec le dispositif « Loire à Vélo » est également peu détaillé.

Enfin, si le Programme Pluriannuel d’Investissement est rappelé pour la mandature 2010/2014, force est de reconnaître qu’il est difficile de l’apprécier en détail.Au-delà des investissements prévus, de l’ordre de 30 millions d’euros, la feuille de route financière est beaucoup moins limpide en matière de fonctionnement.

En conclusion, je résumerai mon intervention en une seule question : Avons-nous réellement les moyens de toutes nos ambitions pour Fontevraud ?