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Crise de confiance entre la Région et les professionnels du cinéma
Je veux revenir sur la crise de confiance qui s’est installée entre la Région et la Profession et qui découle de la décision autoritaire de ne pas soutenir le film « Le Dernier Continent » en raison de son contenu malgré l’avis artistique favorable du Comité Technique. Ceci a conduit à la démission cohérente et courageuse de son Président, pourtant membre de ce qui reste de la majorité.
Avec Dominique RICHARD, il est de notoriété publique que nous avons des avis différents sur le projet aéroportuaire de Notre-Dame-des-Landes, mais, c’est justement la raison pour laquelle nous avons été les premiers à réagir, car la question attaquait un principe politique fondateur qui est celui de la liberté de création.
Démission des membres du Comité Technique, réaction vive de l’OPCAL, lettre ouverte signée par de très nombreux professionnels témoignent du malaise existant. Vous allez me dire que c’est beaucoup de bruit pour pas grand-chose et que cette décision reste exceptionnelle. Mais quand on touche à un principe aussi fondamental que la liberté de création, il ne doit pas y avoir d’exception. Et puis cette jurisprudence, la nouvelle doctrine envoient un message très clair à la profession et il a été reçu comme tel : pour être aidé par la Région, un projet cinématographique doit être en cohérence avec les valeurs, les actions, les idées portées par la majorité Régionale.
C’est une vision que nous n’acceptons pas et que les professionnels n’acceptent pas car elle crée une confusion entre communication et création, remet en cause l’une des caractéristiques essentielles, de tout temps et en tout lieu, pour la culture, qui est d’éveiller le sens critique par rapport à la société et aux pouvoirs.
Lequel d’entre vous, lequel d’entre nous oserait aujourd’hui affirmer que le déjeuner sur l’herbe d’Edouard Manet n’est pas un monument de la peinture Française ?
Et bien, selon les principes de la majorité, cette toile se serait retrouvée vouée aux poussières de combles parisiennes. Car sa notoriété elle la doit d’avoir été présentée, il y a juste 150 ans, au salon des refusés, parce que le salon des officiels, on dirait aujourd’hui du politiquement correct, l’avait refusé.
Bien sûr, je n’aurai pas le ridicule de comparer l’importance relative des deux œuvres, mais s’agissant de principe, nous savons dans quels type de systèmes politiques sont interdits les créations qui ne plaisent pas au pouvoir en place.
L’aide de la Région est essentielle pour que de nombreux projets cinématographiques et audiovisuels voient le jour. Pour sortir du malaise actuel, il faut de votre part un geste fort. Nous vous demandons de revoir votre position par rapport au film « Le Dernier Continent » et de compléter le règlement d’intervention de l’aide à la production cinématographique et audiovisuelle par la mention suivante : « La commission permanente du Conseil Régional s’interdit d’asseoir ses décision sur des éléments d’appréciation relatifs au contenu des films, dans la mesure du respect des principes républicains et de la dignité de la personne humaine ».
Sans ce geste fort, les relations entre la Région et la profession resteront durablement affectées. La jurisprudence « Le Dernier Continent » et la doctrine qui va avec, constitueront une tâche indélébile sur la politique régionale en faveur du cinéma.